Augustin Carrera, les baigneuses au soleil de Provence!

Augustin Carrera
Augustin CARRERA (Madrid 1878 – Paris 1952)
les baigneuses
aquarelle, signée du cachet d’atelier en bas et à droite,
17,5 x 24 cm
Vendu-Sold

Elève de Léon Bonnat et d’Henri Martin, Augustin Carrera exposa au Salon des Artistes Français dès 1904, obtenant une médaille d’or en 1937. Il a participé au Salon des Indépendants et des Tuileries, de 1927 à 1933. Officier de la légion d’Honneur.

Parcourant les expositions, Augustin Carrera observe et s’imprègne des œuvres de Cézanne, Paul Gaugin ou encore Seurat. Cependant ce sont Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Monet et Pissaro qui auront la plus grande influence dans son travail. Le paysage prend alors une toute autre place dans les toiles de Carrera. Ces éléments qu’il considérait comme accessoires deviennent des sujets à part entière dans lesquels il laisse éclater la vivacité de sa palette, ce qui lui permet d’approcher la peinture d’une manière qui lui est alors tout à fait nouvelle.

En 1912, l’artiste bénéficie de la Bourse d’Indochine qui marque un tournant dans son œuvre. Cette période donne naissance à de très belles toiles réalisées directement là bas. Augustin Carrera réside en Extrême-Orient durant huit mois et rapporte des compositions aux sujets inédits : des temples, des bords du fleuve rouge et des scènes de vie locale. Le roi du Cambodge lui confie alors la réalisation de panneaux monumentaux pour son palais, que l’artiste posera lors de son prochain voyage en 1928.

En 1914, lorsque la guerre éclate, Augustin Carrera est mobilisé. Se retrouvant en état de convalescence dès 1916, il s’installe à Allauch. Lors d’un voyage en Espagne dans les années qui suivirent, Carrera a une révélation lorsqu’il découvre les œuvres du Greco et de Velasquez. Il part alors s’installer à Paris, dans le quartier de Montparnasse, nouveau centre artistique européen qui vient de détrôner Montmartre.

Le critique d’art François Thiébault-Sisson le suit assidument dans le journal « Le Temps » et lui permet d’affirmer sa notoriété, déjà acquise lors d’expositions à la galerie Druet mais également grâce à un contrat avec la galerie Georges Petit qui lui donne l’opportunité d’exposer un de ses thèmes de prédilections : le nu féminin. Les œuvres de Carrera deviennent très prisées des collectionneurs et l’artiste obtient plusieurs commandes. Il réalise deux panneaux décoratifs pour le Ministère des Colonies, fortement influencés par son séjour en Indochine. Fasciné par le théâtre, il fréquente de nombreux établissements et se voit confier la réalisation des décors de l’Opéra de Marseille en 1924.

Très proche des peintres de l’école provençale, Augustin Carrera invite Hurard, Eichacker, De Groux, Audibert et Verdilhan à réaliser ces décors monumentaux à ses côtés. Carrera est sacré chevalier de la Légion d’honneur en 1920 et officier en 1928. Si le talent d’Augustin Carrera se déploie dans les paysages qu’il réalise dans le cadre de décors monumentaux et de ses commandes officielles, l’unicité de son art se révèle dans le nu féminin. Le peintre étudie assidûment le détail anatomique, qu’il retranscrit sur la toile avec attention tout en conférant une importance toute particulière à la lumière et à l’harmonie des tonalités. Les nus de Carrera ne sont pas sans rappeler la sensualité et l’érotisme de la sculpture. Leur modelé est révélé par la lumière, sculpté par le coloris gris des chairs et de la pâte dont l’ampleur attire et retient le regard.

Antoine Bourdelle dira à son propos « Augustin Carrera a trouvé le moyen dans sa peinture d’assembler la hardiesse du coloris et l’exquise finesse de l’atmosphère. Marseillais vous avez un grand peintre ! Soignez le ! »

Bibliographie:

Dictionnaire des peintres, Bénézit, Ed Gründ, Tome III, p.290

Dictionnaire des petits maîtres, G.Schurr, Ed Amateur, 1999

Augustin Carrera, Camille Rouvier

La merveilleuse Provence des Peintres, André Alauzen di Genova, Ed NAEF/Aubéron, 1999

Josué Gaboriaud et Marseille, le bonheur d’un peintre moderne!

Josué Gaboriaud (1883-1955) travaillera avec Maurice Denis qui remarqua son talent précoce dès les années 1900, et qui le fait exposer aux côtés des plus grands peintres: Degas, Renoir, les Nabis…

Cette peinture, datée 1927, est un splendide témoignage du grand art de ce peintre moderne, que l’on peut associer aux autres peintres et courants de l’école de Paris des années 1920.

Josué Gaboriaud

Josué Gaboriaud, les quais du port, Marseille », 1927,

huile sur papier marouflée sur toile, signée et datée en bas et à droite,

81 x 100cm

Vendu-Sold

Cette toile figura dans l’exposition collective de février 1927 à la Galerie Varenne aux côtés d’oeuvres d’Utrillo, Vlaminck, Camoin, Clairin, Oudot, Verdilhan, Asselin…

Son service militaire accompli, le jeune Gaboriaud est présenté à Maurice Denis qui réside à Saint-Germain-en-Laye, comme lui. Il souligne : « c’est peut-être ce détail qui le décida en ma faveur ». Sur cette période d’apprentissage très féconde, existent quelques pages manuscrites de Gaboriaud. Ces souvenirs ont un intérêt majeur parce qu’ils recoupent des faits bien connus de l’histoire de l’art qui sont passionnants à retrouver, racontés par un des protagonistes.

« La première fois que j’entrai dans l’atelier de Maurice Denis, il me reçut di-rectement devant Le Talisman : c’était le tout petit tableau que Sérusier avait peint sous la direction de Gauguin. Denis l’avait encadré lui-même avec un morceau de planche travaillée par lui au couteau de poche.‘‘– Si tu vois un jaune devant, dit Gauguin, choisis le plus beau de ta palette qui puisse lui correspondre.’’Et ma foi, il faut bien reconnaître que Le Talisman avait de la gueule ; ça se tenait. C’était bien et c’était une définition nouvelle. Maurice Denis était venu me chercher sur un chantier où je lessivais un bal-con avant de le gratter et de reboucher au mastic. Il fallait vivre et je travaillais pour un peintre en bâtiment.Vous pensez bien que travailler dans l’atelier d’un jeune Maître du moment avait pour moi une valeur inestimable. Denis me mit rapidement au courant de ce qu’il attendait de moi. C’était très simple, facile en somme. Je gagnais ma vie dans des conditions heureuses et j’avais la chance énorme de bénéficier des conseils d’un homme d’esprit très cultivé et bon patron. Quels souvenirs! …Denis s’occupait beaucoup de moi, sans en avoir l’air. Il étalait devant moi les collections de photos rapportées d’Italie et aussi les collections faites par Druet de l’œuvre de Cézanne et de Gauguin ; il me faisait la leçon et quelle leçon ! j’ai rencontré d’abord Denis et c’est par lui que j’ai connu tous les autres. Il m’est impossible de raconter les souvenirs, qui parfument encore ma vie,sans commencer par lui qui me fit découvrir Sérusier, Gauguin, Cézanne et me fit entrer dans l’amitié de Roussel, Vuillard, Bonnard et Maillol ».

En 1903, Josué Gaboriaud, qui a tout juste vingt ans, grave et offre à Maurice Denis une lithographie représentant un Village breton où l’on reconnaît le cloisonnisme et les aplats de couleurs du style Nabi. Il lui dédicace, avec la ferveur du disciple plein de gratitude : « Au maître Maurice Denis ». A Genève, au musée du Petit Palais on peut voir une peinture de même facture : Bretonnes à Pont-Aven.