Jean-Emile Laboureur, le balcon sur la mer au Croisic.

Jean-Emile Laboureur (1877-1943), le Balcon sur la mer, 1923,
gravure au burin, signée et numérotée au crayon 3/57,
Vendu-Sold

Jean-Emile Laboureur achète en 1919 à Emmanuel Favry, capitaine dess Douanes à Guérande, la maison du 16, quai de la Petite Chambre au Croisic, avec l’intention de supprimer le balcon moderne qui dépare la façade en granit. Il abandonne rapidement cette idée. et « le Balcon sur la mer » deviendra une des oeuvres gravées les plus célèbres de l’artiste, voire « iconique »! On y voit sa femme, Suzanne, nonchalamment accoudée sur la ferronnerie ouvragés, qui contemple un misainier et des sloups doubler la passe de la Petite Chambre.

Cette gravure a été très importante pour l’artiste, l’une de ses préférés.

« Quelques mois avant sa mort, J.-E. me dit un jour: -J’aime assez la coutume ancienne qui voulait qu’un homme se présentât devant Charon avec les attributs de son métier. Quand je serai mort, mets-moi dans les mains mon burin, et une de mes planches gravées. -Et laquelle donc? (lui dis-je en essayant, comme lui, de prendre un ton léger) -Le Balcon sur la mer. » extrait des Mémoires de Suzanne Laboureur.

Jean Émile Laboureur, né à Nantes le 16 août 1877 et mort à Kerfalher près de Pénestin, dans le Morbihan, le 16 juin 1943, est un peintre, dessinateur, graveur, aquafortiste, lithographe et illustrateur français.

Il apprend la gravure avec Auguste Lepère et la lithographie avec Toulouse-Lautrec. Pour Laboureur, la gravure originale est oeuvre à part entière, « un dessin volontairement affirmé par la rudesse même de l’outil employé ». Il se forme ensuite dans les musées allemands (1899-1903), puis part vivre en Amérique du Nord quelques années (1903-1908) ; il y réalise des estampes et des gravures sur bois montrant les grandes villes industrielles et prend le prénom de Jean-Emile.

Rentré en Europe, il voyage et s’installe définitivement à Paris en 1910. Laboureur s’intéresse au Cubisme et adopte la géométrisation et la simplification des formes, tout en restant figuratif. Il fréquente Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin. Il sera mobilisé comme traducteur auprès de l’armée anglaise, puis américaine, pendant la première guerre mondiale. Celle-ci n’interrompt en rien son activité créatrice. Il produit, pendant et après la guerre, plusieurs ensembles de gravures sur cuivre au burin (« Dans les Flandres britanniques », « Petites images de la guerre sur le front britannique », « Types de l’armée américaine en France »).

Dans l’immédiat après-guerre, l’artiste se consacre, avec la réalisation de grandes planches gravées, à l’illustration d’ouvrages (Larbaud, Gide, etc.). De 1920 à 1938, Laboureur illustre soixante-six livres, réalise trente-neuf frontispices, sans renoncer aux planches individuelles de libre inspiration. En 1923, Jean-Emile Laboureur fonde l’Association des peintres et graveurs qui met en avant la gravure, la lithographie, la gravure au burin ou la xylographie. Au début des années 1930, il réalise un ensemble de paysages à l’eau-forte (La Grande Brière).

Jean-Emile Laboureur est atteint d’hémiplégie en 1938, il cessera toute production artistique. Il meurt en 1943 à Pénestin (Sud Bretagne, France).

Bibliographie :

  • Jean-Emile Laboureur, Entre terre et mer, harmonies gravées en presqu’île, catalogue d’exposition, Ville du Croisic, 2018
  • Catalogue complet de l’œuvre de J.E. Laboureur, Sylvain Laboureur, 3 tomes, Ides & Calendes, Neuchâtel, 1989-91
  • « L’œuvre gravé de Jean-Émile Laboureur », Louis Godefroy, Ed. Chez l’auteur, 1929
  • « Jean-Emile Laboureur, Peintre-graveur au Croisic« , catalogue d’exposition du Musée des Marais Salants, Batz-sur-Mer, 1998