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Parmi les artistes bretons de cette première partie du XXe siècle, Mathurin Méheut est certainement le plus prolifique, le plus polyvalent et le plus populaire.
L’été, Mathurin Méheut ne se lasse pas de parcourir tout le Finistère, de Pont-l’Abbé à Roscoff, du Folgoët au Faouët. C’est à Roscoff que tout à commencé ; il y séjourne de 1910 à 1912, en mission d’étude au laboratoire maritime de la station de biologie. Les dessins qu’il accumule sur la faune et la flore de la Manche lui permettront d’illustrer un livre en deux tomes en 1913, Etude de la Mer, faune et flore de la Manche et de l’Océan. Il y puisera une grande partie de son inspiration, aussi bien pour la gravure, la peinture, la sculpture, l’illustration, le décor…
A Roscoff, il découvre aussi la Bretagne profonde, celle des paysans, des goémoniers et des marins. Au-délà de la nature, c’est le travail des hommes et des femmes qui va orienter toute sa carrière. Après la guerre, un long séjour à Penmarc’h le plonge dans l’originalité bigoudène, qu’il tente d’exprimer, entre autres, dans une belle série de gravures réalisées entre 1919 et 1920.
Entre 1910 et 1926, Mathurin Méheut développe un véritable talent pour la gravure sur bois et sur linoléum. De remarquables estampes font écho aux dessins et peintures très colorées de l’artiste soulignant les qualités graphiques de chaque procédé. Son travail de graveur nous fait découvrir certains thèmes de prédilection comme les scènes de la vie quotidienne bretonne ou les animaux, avec des compositions s’inspirant de la vogue japonisante.
Cette belle et rare gravure sur bois de Mathurin Méheut, circa 1919-1920, nous montre le travail des champs et plus particulièrement la récolte des pommes de terre. De retour de la première guerre mondiale, c’est en 1919 que l’artiste séjourne en Pays Bigouden, à Saint-Guénolé et Penmarc’h, où il réalise une très belle et recherchée série de gravures sur bois. Cette planche s’intitule « Bigoudènes aux patates » ou « l’arrachage des pommes de terre ».
Dans l’ouvrage « Mathurin Méheut, impressions gravées » (Le Stum, Delouche, Caudron), la « suite bigoudène » est évoquée en ces termes par Philippe Le Stum : « En taille d’épargne, l’entreprise la plus réussie de Méheut ressort de l’esthétique du noir et blanc, fondée sur l’opposition franche de l’encre et du papier. Après sa démobilisation, Méheut séjourna de l’été 1919 à l’automne 1920 à Saint-Guénolé-Penmarch, dans une maison louée à l’écrivain Auguste Dupouy. Observant en artiste ethnographique les populations côtières et paysannes du Cap Caval en Pays bigouden, il leur consacra huit grandes planches dont la gravure s’acheva en 1920. Passant très vite à une autre tâche, il ne prit le temps que d’en effectuer quelques tirages, suffisants pour que son incursion dans la gravure en noir fût remarquée lors de son exposition au pavillon de Marsan au printemps 1921 : l’État se porta acquéreur de plusieurs d’entre elles, ainsi que de dessins préparatoires. »