Pont l’Abbé, la ville où il fait bon vivre en Bretagne, vient de remporter la première place du palmarès 2023, suivant les résultats d’une enquête menée par le journal Le Figaro! Et ce n’est pas une surprise tant « la plus bretonne des villes de la Bretagne bretonnante« , selon l’écrivain Guy de Maupassant, coche toutes les cases, à commencer par la valorisation de son patrimoine historique et traditionnel.
Pont l’Abbé compte de nombreuses galeries d’art, ancien et contemporain, et des boutiques de décoration d’intérieur, créant ainsi une forte énergie dans la ville.
Où on parle des galeries, et notamment de la Galerie Stéphane Brugal, spécialisée dans les écoles de Pont-Aven et bretonnes des années 1880 à nos jours. Galerie ouverte toute l’année et située au 12 rue Burdeau – 29120 Pont l’Abbé.
André Dauchez, Le Steir de Lesconil, 1926, huile sur toile, signée, 65 x 92cm. Cette oeuvre fut exposée à la Galerie Georges Petit à Paris, aux salons des Beaux-Arts de Bruxelles et de Strabourg. Ancienne collection de Mr De Schouneer (Belgique). Disponible-Available
André Dauchez va peindre en 1926, cette huile sur toile qui représente le Steir de Lesconil (ou Ster), La ria du Ster, un petit fleuve côtier qui a sa source dans la commune voisine de Plomeur, traverse la partie orientale de la commune de Lesconil, et séparait par le passé la paroisse de Plobannalec-Lesconil de celle de Plonivel, dont une bonne partie du territoire a été annexé par Plobannalec-Lesconil. André Dauchez reprendra cette composition dans une eau-forte la même année (Brugal 315-26).
Peintre et graveur, stimulé et encouragé par son beau-frère l’artiste peintre Lucien Simon, André Dauchez puise son inspiration dans ces paysages des bords de mer et notamment la Bretagne dès 1894, s’installant dès 1903 près de Loctudy. Les paysages, landes, dunes, villages de pêcheurs, pèlerinages, paysans et pêcheurs bretons, navires, furent ses motifs préférés.
André Dauchez débute au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1894, dont il devint secrétaire en 1927 et président en remplacement de Forain. Il prit part à de nombreuses expositions à l’étranger: Pittsburgh (Institut Carnegie), Munich, Budapest, Bruxelles, Barcelone, etc…. Il obtint une médaille d’argent à l’Exposition Universelle de 1900. Il fut promu chevalier de la Légion d’Honneur en 1911, officier en 1932, membre de l’Institut en 1938.
André Dauchez fut nommé peintre officiel de la Marine le 9 août 1922. Marin dans l’âme, il a navigué sur ses propres bateaux: l’Aventure, la Rose des Vents, l’Embellie et la Grande Ourse (yacht de 14 mètres).
Ses oeuvres sont présentes dans les musées: Brême, Budapest, Dijon, Le Havre, Lille, Nantes, Paris (Musée d’Orsay), Pittsburgh, Saint Nazaire, Strasbourg.
André Fraye, grande marine, c.1930, huile sur toile, 54cm x 73cm Disponible-Available
André Fraye (Nantes 1887 – Paris 1963) s’installe à Paris en 1909, où il devient l’élève de Maxime Maufra. Il fréquente l’Académie Julian et expose pour la première fois en 1911 au Salon d’Automne. Il participe aussi au Salon des Tuileries et des Indépendants, et figure dans différentes expositions collectives en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Il a reçu en 1921, le prix Blumenthal, le premier qui fut attribué à la peinture.
Ami d’Albert Gleizes, durant la Première Guerre Mondiale, il exécute de nombreux dessins et aquarelles proches parfois du cubisme, représentant avec émotion le spectacle quotidien de la vie sur le front.
André Fraye est surtout connu pour ses marines réalisées avec une grande acuité visuelle. Coloriste, vif et séduisant, s’attachant à faire vibrer les couleurs, il fut souvent comparé à Van Dongen, Bonnard ou Marquet, mais aussi au néo-réaliste Dunoyer de Ségonzac.
En 1929, André Fraye illustre « Les croix de bois » de Roland Dorgelès et en 1930, « L’équipage » de Joseph Kessel, « Trois hommes dans un bateau », « Le meilleur ami » de Boylesve, « Les filles de la pluie » d’André Savignon, « La Vénus d’Ille » de Mérimée.
Oeuvres dans les musées: Alger – Le Havre – Londres – Manchester – Paris, musée d’Art Moderne – Paris, musée de l’Armée.
Bibliographie: –Dictionnaire des peintres , Benezit, Ed Gründ, 1999
Françoise Huguier, « les pilleuses d’épaves », tirage à 6 exemplaires, 2018. Disponible-Available à la galerie Brugal
« En souvenir du bris.Je connais l’existence des pilleuses d’épaves en pays bigouden, qui, pendant des siècles, sont allées « au bris » et le sujet me passionne, mais je veux éviter l’écueil folklorique. (…) En 1737, « L’Heureuse Marie », un gros navire marchand de Saint-Malo rempli de savons s’écrase en baie d’Audierne. Les habitants de Plozévet se précipitent dès la cargaison échouée sur la plage sur plusieurs kilomètres, les riverains se servent les premiers, dans une course de vitesse avec les représentants de l’Amirauté. Il faut travailler vite et en nombre, femmes et enfants sont réquisitionnés, le savon est une denrée rare qui peut se vendre ou s’échanger facilement.(…) Les planches de ce qu’il reste de la coque du navire, mât et vergue, servent aussi aux bigoudens. Mais hommes et femmes n’usent pas de violence physique, ils se contentent de voler les marchandises et le vêtements de l’équipage. Le « bris » leur apparait comme une réparation légitime à une vie de misère. Faire une reconstitution sociologique de l’histoire des pilleuses me parait indispensable. Les marchandises trouvées sur les bateaux échouées – huile, laine, vin, savon – permettaient d’améliorer l’ordinaire où tout manquait, et la population était pilleuse d’épave collectivement, en foule, comme elle était chrétienne, par hérédité, en famille et dès l’enfance. Les Bigoudens sont des résistants et c’est ça qui me plait. Après la baie d’Audierne, en allant vers le Guilvinec, la côte est très rocheuse. Ces impressionnantes roches granitiques sculptées par les tempêtes ont pris au fil du temps des allures de goélands, de caïmans…Je photographie d’abord les rochers, comme un gigantesque zoo. Aujourd’hui le phare d’Eckmülh éclaire l’un des points les plus dangereux de la côte bretonne, mais auparavant, les navires, venus d’Angleterre, des Antilles ou d’ailleurs, venaient se briser sur les récifs. La tradition « d’aller au bris » a perduré jusqu’à 1897, année de l’inauguration du phare, et encore un peu après. (…) Le cercle celtique de Plonéour-Lanvern possède des costumes en toile noire, très simples et très rustres, le koeffbleo (support de la coiffe) m’inspire esthétiquement et, quand je présente mon projet aux femmes, elles sont excitées. Les costumes que portent les femmes sur les photos étaient leur tenue de travail, pas celle des jours de fête. (…) Les femmes guettent l’horizon marin, prient, implorent le Ciel… (…) Je choisis de photographier en hiver, où la mer est davantage déchainée, en écho à la peinture. Mon travail photographique est souvent davantage documentaire, ici j’ai laissé mon imagination sentimentale me guider, en lien avec la vie des gens. Mes parents, mes ancêtres, sont bigoudens et ce mélange de violence et de religion, me constitue. La religion peut aussi intégrer la sauvagerie, les pilleuses prient le Bon Dieu pour que le bateau se brise. » Texte de Françoise Huguier et Valérie Dereux.
Françoise Huguier, « les pilleuses d’épaves », tirage à 6 exemplaires, 2018. Disponible-Available à la galerie Brugal
Françoise Huguier
En 1972, Françoise Huguier débute comme photographe free-lance. En 1983, le journal Libération lui offre la possibilité de photographier les mondes du cinéma, de la politique, de la culture et de la mode aussi bien en France qu’à l’étranger. Parallèlement, elle commence un travail personnel sur l’Afrique, la Sibérie, le Japon, la Russie, l’Inde, la mode … En 1989, elle se rend en Afrique, sur les pas de Michel Leiris, ce qui lui inspire un premier ouvrage, « Sur les traces de L’Afrique fantôme » , récompensé par la Villa Médicis hors les murs. En 1991, Françoise Huguier photographie à Bamako le coup d’état contre Moussa Traoré. Quelques années plus tard, en 1993, l’Académie de France à Rome la consacre à nouveau pour le livre « En route pour Behring », journal de bord d’un voyage solitaire en Sibérie. En 1994, elle crée la première Biennale de la photographie de Bamako au Mali, où elle découvre les photographes Seydou Keïta et Malick Sidibé. Grâce aux liens tissés au cours de son premier séjour en Afrique, Françoise Huguier retourne au Burkina Faso et au Mali pour photographier l’intimité des femmes africaines. De ce travail naît « Secrètes » , un ouvrage édité chez Actes Sud en 1996. Deux ans plus tard, elle expose « À l’extrême » à la Maison Européenne de la Photographie, fruit d’un travail de plusieurs années dans le Kwazulu-Natal en Afrique du Sud. En 1999, paraît également l’ouvrage « Sublimes » , résultat de son expérience de photographe de mode dans les années 1980 et 1990. De 2000 à 2007, Françoise séjourne deux mois par an au sein d’appartements communautaires à Saint-Pétersbourg. De cette immersion au cœur des reliquats de la période soviétique, elle ramène des images ainsi qu’un film. En 2008, « Kommunalka » fait l’objet d’une exposition aux Rencontres de la photographie d’Arles, où elle est l’invitée d’honneur de Christian Lacroix. S’en suit une publication, « Kommunalki » paru chez Actes Sud. La même année « Kommunalka» – film documentaire long métrage – est présenté au Festival de Cannes dans la sélection parallèle l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Elle obtient le Prix Anna Politkovskaïa au 31e festival international de films de femmes de Créteil. En 2004, Françoise retourne pour la première fois au Cambodge, cinquante ans après l’avoir quitté. Un voyage émouvant sur les traces de son enfance prisonnière des Vietminh. En résidence d’artiste à Singapour en 2009, elle travaille sur un nouveau projet, les classes moyennes dans les HDB (Housing Development Board).
Parallèlement à son activité d’artiste photographe, Françoise Huguier est régulièrement sollicitée afin d’assurer le commissariat d’expositions et de biennales. En 2011, elle reçoit cette même année le Prix de l’Académie des Beaux-Arts pour son projet sur les classes moyennes en Asie du Sud-Est à l’aube du XXIe siècle. En 2012, Frédéric Mitterrand lui remet les insignes d’Officier des Arts et des Lettres. En 2014 se tient la rétrospective Françoise Huguier « Pince-moi je rêve » à la Maison Européenne de la Photographie. Pour le Mois de la Photo 2017, Françoise Huguier présente son projet « Grand Paris. L’approche intimiste de Françoise Huguier », un travail réalisé pour la Société du Grand Paris, pour lequel, pendant trois ans, elle est allée à la rencontre des familles habitant près des futures gares. En 2018 sort l’album « 100 photos de Françoise Huguier pour la liberté de la presse » de Reporters sans Frontières. En 2020, les éditions Filigranes publient « La curieuse », ouvrage rassemblant les images et objets glanés au fil des voyages de Françoise Huguier. Au cours de l’été de la même année, son « bazar zoulou » fait l’objet d’une exposition « Les curiosités du monde de Françoise Huguier » au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac.
Marcel Mettenhoven, « paysage de bord de côte « , 1930 huile sur toile, signée et datée en bas et à droite Disponible-Available
Marcel Mettenhoven (Auray 1891 – 1979) est né d’un père d’origine néerlandaise et d’une mère se rattachant à une vieille famille brestoise de cap-horniers. Son père Eugène, fabriquait des meubles sculptés en bois. Il fait ses études au Collège Sainte-Barbe de Paris, puis au Lycée Montaigne.
Marcel Mettenhoven s’inscrit à l’école Boulle où il prit l’ébénisterie comme matière principale. Mais l’état de santé de son père l’obligea à interrompre ses études en juillet 1910. Il part au service militaire puis mobilisé, il est envoyé sur le front, en Champagne, où il fut victime des gaz. Il s’aménage un atelier au 23, rue Gouvion Saint-Cyr dans le 17e arrondissement de Paris.
Il connut une certaine notoriété durant les années folles de l’entre deux guerres et obtenu même un certain succès à Paris dans les années 1920-1930. A cette époque, il participe avec brio à la vie artistique parisienne ; lors de ses expositions, son travail est reconnu par ses contemporains et il vend ses oeuvres à un cercle de collectionneurs.
Essentiellement paysagiste, inspiré par la Bretagne, Marcel Mettenhoven excelle dans la représentation des ciels les plus divers, en plein mouvement, animés de nuages blancs aux amples volutes serties de bleu. Il traduit ces ciels mouvants avec des empâtements et une touche expressive particulièrement vigoureuse qui renforce la simplification des formes et leur donne de l’intensité.
Bibliographie: –Dictionnaire des peintres, Bénézit, Ed Gründ,1999 –La route des peintres en Cornouaille, Groupement touristique Quimper –« Peintres des Côtes de Bretagne », Léo Kerlo et Jacqueline Duroc, éditions chasse-marée, Douarnenez 2007