Lemordant, un grand maître de la peinture bretonne!

jean-julien lemordant et le goémonier Quimper hôtel de l'épée

Jean Julien LEMORDANT (1878-1968)
Le goémonier, c.1910
Gouache, signée en bas et à gauche,60 x 45cm
Vendu-Sold

Jean-Julien Lemordant nous dévoile dans ce dessin coloré toute l’importante place qu’il a dans l’histoire de la peinture bretonne. La force et la simplicité du sujet est traité ici par un dessin ferme et synthétique.

Elève de Léon Bonnat en compagnie de Emile Othon Frietz et de Raoul Duffy. Il redécouvre la Bretagne en 1903 et s’installe à Penmarc’h où sa peinture s’oriente vers une description colorée de la vie maritime et trouve son engagement aux côtés des marins (fondation de la revue Brug – 1913).

Dans une facture large et sonore, il a traité des vastes panneaux hardiment composés, les rudes acteurs de la tragédie marine. Il fut aussi un rénovateur des arts décoratifs en Bretagne.

En 1904, le jeune peintre (il a 26 ans) est installé à Saint-Guénolé quand l’hôtel de l’Epée à Quimper lui commande une série de fresques murales pour décorer sa salle à manger. Le travail est colossal : 65 m2 de murs sont à peindre percés de 11 portes. Lemordant réalisera 23 peintures groupées en 5 séquences.

Cette gouache fait partie des nombreuses esquisses exécutées pour le décor de l’Hôtel de l’Epée de Quimper, vers 1907-1908. Cette décoration de la salle du restaurant de l’hôtel, a été installé de manière permanente dans une salle du musée des beaux-arts de Quimper.

Jean Julien Lemordant nous transcrit dans cette oeuvre l’image du rude acteur de la tragédie marine: un marin engoncé dans son vêtement arrachant à la mer sa moisson de goémon.

Superbe pièce de Jean Julien Lemordant, car il nous montre l’importance du dessin, de l’esquisse, qui dévoile déjà l’ampleur de ce grand nom de la peinture bretonne.

Les fresques de l’Hôtel de l’Epée à Quimper ont connu un succès considérable et apporté au jeune peintre une certaine notoriété. En 1913, l’Opéra de Rennes lui passe une commande prestigieuse : la peinture du plafond de l’Opéra qu’il peindra durant l’année 1914. Lemordant réalisera à cette occasion une ronde bretonne.

Jean-Emile Laboureur, les pêcheurs bretons du Croisic.

Jean-Emile Laboureur gravure sur bois en couleur Le Croisic

Jean-Emile Laboureur (Nantes 1877- Pénestin 1943)
Les pêcheurs et le mousse, 1924
Lithographie en trois couleurs, signée en bas et à gauche, numérotée 6/30
182 x 208mm
Vendu-Sold

Cette estampe reprend le décor et les personnages de plusieurs autres œuvres dont le bois Pêcheurs bretons ou l’huile sur panneau de 1922. Jean-Emile Laboureur y ajoute un mousse portant le pain de six livres, sujet emprunté aux Trois marins.

En arrière-plan, surplombant le quai du Lénigo au Croisic, la haute bâtisse qui servait alors de bureau aux Affaires Maritimes, est parfaitement identifiable avec sa lucarne plein-cintre et le bandeau sombre de l’enseigne.

En utilisant la technique de la lithographie, Jean-Emile Laboureur peut donner à voir la couleur rouge de la vareuse du « gaouche », couleur traditionnelle des pêcheurs finistériens, qui porte casquette, et surtout la voile teinte au traditionnel cachou.

Il apprend la gravure avec Auguste Lepère et la lithographie avec Toulouse-Lautrec. Pour Laboureur, la gravure originale est oeuvre à part entière, « un dessin volontairement affirmé par la rudesse même de l’outil employé ». Il se forme ensuite dans les musées allemands (1899-1903), puis part vivre en Amérique du Nord quelques années (1903-1908) ; il y réalise des estampes et des gravures sur bois montrant les grandes villes industrielles et prend le prénom de Jean-Emile.

Rentré en Europe, il voyage et s’installe définitivement à Paris en 1910. Laboureur s’intéresse au Cubisme et adopte la géométrisation et la simplification des formes, tout en restant figuratif. Il fréquente Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin. Il sera mobilisé comme traducteur auprès de l’armée anglaise, puis américaine, pendant la première guerre mondiale. Celle-ci n’interrompt en rien son activité créatrice. Il produit, pendant et après la guerre, plusieurs ensembles de gravures sur cuivre au burin (« Dans les Flandres britanniques », « Petites images de la guerre sur le front britannique », « Types de l’armée américaine en France »).

Dans l’immédiat après-guerre, l’artiste se consacre, avec la réalisation de grandes planches gravées, à l’illustration d’ouvrages (Larbaud, Gide, etc.). De 1920 à 1938, Laboureur illustre soixante-six livres, réalise trente-neuf frontispices, sans renoncer aux planches individuelles de libre inspiration. En 1923, Jean-Emile Laboureur fonde l’Association des peintres et graveurs qui met en avant la gravure, la lithographie, la gravure au burin ou la xylographie. Au début des années 1930, il réalise un ensemble de paysages à l’eau-forte (La Grande Brière).

Jean-Emile Laboureur est atteint d’hémiplégie en 1938, il cessera toute production artistique. Il meurt en 1943 à Pénestin (Sud Bretagne, France).

Bibliographie :

  • Jean-Emile Laboureur, Entre terre et mer, harmonies gravées en presqu’île, catalogue d’exposition, Ville du Croisic, 2018
  • Catalogue complet de l’œuvre de J.E. Laboureur, Sylvain Laboureur, 3 tomes, Ides & Calendes, Neuchâtel, 1989-91
  • « L’œuvre gravé de Jean-Émile Laboureur », Louis Godefroy, Ed. Chez l’auteur, 1929

Jacques Jullien, jour de fête en Bretagne.

Jacques Jullien Bretagne

Jacques JULLIEN (1891-1963)
Jour de fête, c.1920
Gouache, signée en haut et à gauche, 10,5 x 10cm
Vendu-Sold

Intéressé très tôt par le dessin (on connaît de lui une « Annonciation » datée de 1909), Jacques Jullien est élève à l’école des Beaux-Arts de Rennes de 1912 à 1915, dans les ateliers de Jules Ronsin et Félix Lafond. Plusieurs dessins montrant des vues des environs de Morlaix, Saint-Jean-du-Doigt notamment, sont datés de cette époque.

En 1917, Jullien est nommé professeur de dessin au collège Saint-François de Lesneven. Il participe en septembre 1919 à une exposition collective à Honfleur, placée sous le patronage de Henry de Régnier. Deux toiles sont alors acquises par le Musée du Luxembourg, dont  » La rue de la Vierge à Lesneven « . Deux oeuvres sont vendues à des collectionneurs privés :  » Calvaire de Brignogan «  et  » Porteuses de bannières au Folgoët « .
En 1921, le Musée des Beaux-Arts de Rennes lui achète un triptyque :  » La Fête-Dieu « .

En décembre 1922, Jacques Jullien présente 12 peintures, des gouaches et des estampes à la galerie Louis Carré à Rennes. En 1926, il participe au salon de la Société Bretonne des Beaux-Arts à Rennes. De 1924 à 1928, Jacques Jullien est cité comme « correspondant de la Commission du Patrimoine » et envoie régulièrement des dessins à la Société Archéologique du Finistère (cf fonds d’atelier acquis par le musée de Rennes). Il s’établit en 1930 à Paris où il réalise des illustrations pour les éditions Larousse et Hatier. Jacques Jullien continue de fréquenter Louis Carré, et exposera dans sa galerie de Messine à Paris, ainsi qu’à la Galerie Prouté.

Henri Guinier, portraitiste en Bretagne.


Henri GUINIER (Paris 20 novembre 1867 – Neuilly sur Seine 10 octobre 1927)
Jeune bretonne, c.1910
Technique mixte, 42 x 31 cm
Vendu-Sold

Elève de Jules Lefebvre et de Benjamin Constant, Henri Guinier emprunte beaucoup à ses maîtres et à Bastien-Lepage, pour indiquer et typer les personnages de ses scènes paysannes bretonnes. Il est diplômé de l’Ecole nationales des Arts et Métiers en 1886. Henri Guinier participe au concours de Rome en 1893 et 1894, obtenant le second grand prix de Rome en 1896, à 29 ans. De plus, la médaille d’or au Salon de 1898 le place hors concours et, la même année, une bourse de voyage affirme sa maîtrise. Sa carrière est brillante et rapide

Ses tableaux allégoriques ou mythologiques (Psyché et l’Amour, Salon de 1897), certains de ses nus, prennent un ton plus évaporé qui trahit une tentation évidente pour le symbolisme. Il expose au Salon, de 1889 jusqu’à sa mort, des œuvres (toiles, pastels et aquarelles notamment) :

Il peignit essentiellement des scènes bretonnes, s’installant en 1904 à Concarneau, sous les conseils de Legout-Gérard. Mais aussi, Henri Guinier a exécuté de nombreux portraits ; plusieurs de ses œuvres ont été acquises par l’État et figurent dans des collections des musées français et étrangers (Poitiers, Dijon, Mulhouse, Lille, Amboise, Paris, Santiago du Chili).
Henri Guinier exécute aussi des paysages, des scènes marines souvent inspirées par la Bretagne dont il peint les costumes et les paysages, principalement la région de Concarneau et le Pays Bigouden, mais aussi au Faouët, à Vannes, à Paimpol et à l’île de Bréhat. L’artiste aborde avec succès tous types de sujets : l’allégorie, le nu, la scène de genre, le portrait, le paysage. Il séjourne en Italie, en Hollande, dans les Alpes et dans les Pyrénées

L’un de ses chef-d’œuvre, présenté à l’occasion du Salon de 1911, qui eut un grand succès, est une toile prestigieuse de 3,90 m x 2,80 m,  » Un Pardon en Finistère « , où l’on voit près de cinquante visages, d’une puissance d’expression, d’une vigueur et d’un coloris magnifiques. Elle fut acquise par la Société des anciens élèves. Et se trouve maintenant dans le grand escalier de l’hôtel d’Iéna.

Bibliographie:

Dictionnaires des Peintres, Bénézit, Ed Gründ, 1999, Tome VI, p.584

Henri Guinier, Jean-Marc Michaud, Ed Chasse Marée, 2008

Les peintres du Faouët, 1845-1945, J.M.Michaud et D.Le Meste, Ed. Palantines, 2003

Ernest Guérin, l’art de l’imagier breton.

Ernest Guérin Bretagne

Ernest Guérin (Rennes 1887 – 1952)
Les maisons de Lotivy, Quiberon, Bretagne,
Aquarelle, signée et située en bas et à droite, 26 x34cm
Vendu-Sold

Ernest Guérin fut élève de Lafont et Ronsin aux Beaux-Arts de Rennes. Il exposa à Paris au Salon des Artistes Français, dont il devint sociétaire et fut membre de la South Wales Society ; il fut également exposant de la Royal Cambrian Academy. Il obtint à l’École des Beaux-Arts en 1905 une médaille de vermeil, en 1906 le prix du Ministre, et en 1907 la médaille d’excellence.

Peintre et enlumineur, interprète des Bretons, de la mer, du Pays et de ses légendes. Anatole Le Braz voyait en lui l’interprète de la Bretagne pénétrée par la poésie de « l’autrefois ».

Artiste original, il pratique avec le même bonheur la gouache, l’aquarelle, l’enluminure et participe à de nombreux Salons. Très vite sa réputation grandit, par le caractère de son œuvre qui peint la rudesse de la vie, les coutumes des paysans bretons, les traditionnelles fêtes religieuses, et le caractère sauvage de la Bretagne au travers de ses paysages, son climat et ses atmosphères. Au côté de Mathurin Méheut, il témoigne des traditions de la vie villageoise, et de l’emprise des croyances religieuses sur le quotidien.
La peinture d’Ernest Guérin est marquée par une influence tardive du mouvement préraphaëlite. Ayant étudié les techniques de l’enluminure médiévale, il s’en est également inspiré dans son œuvre. À la fin de sa vie, son esthétisme se tourne vers une vision plus « taoïste » de l’univers pictural. Les paysages d’Ernest Guérin reflètent un art inspiré des œuvres japonaises et chinoises, mêlant petits personnages et horizons oppressants qui occupent la totalité de la composition.

Bibliographie :

  • Dictionnaire des peintres, Bénézit, Ed Gründ, 1999, Tome VI, p.536
  • La route des peintres en Cornouaille, 1850-1950, Groupement Touristique de Cornouaille, 1997
  • Ernest Guérin, Imagier Breton, musée des Beaux-Arts de Rennes, Ed du Carabe, 2001